jeudi 1 juillet 2010

Pablo, Milo, et poil de chameau dans l'eau !


J'ai terminé hier soir le cadeau dont j'ai déjà parlé pour le petit Pablo né il y a un mois. Il va pouvoir porter sur ses épaules l'hiver prochain Milo, un modèle déniché sur Ravelry rencontrant un gros succès. Il y a de quoi, c'est un ouvrage rapide, tricoté en rond (donc pas de coutures), simple et en même temps avec juste une pointe de fantaisie pour y apporter la touche classe et rompre la monotonie du tricot. Le seul hic, c'est un modèle qui n'est pas traduit en français. Mais il est simple à réaliser, et une tricoteuse motivée peut se lancer, on trouve facilement de l'aide à droit à gauche sur le net pour la traduction.


J'ai voulu tricoter Milo avec un fil précieux et original, tout en respectant la simplicité et la sobriété du modèle. Mon choix s'est donc arrêté sur le fil Chameau de la Filature du Valgaudemar. J'en vois déjà qui se posent des questions : chameau, chameau .... ça convient pour un bébé ?? Et je vous arrête tout de suite : c'est un fil 100 % poil de chameau éjarré, c'est à dire qu'on a retiré le poil de jarre, le plus gros et rêche, pour ne garder que le sous-poil tout doux. On obtient donc un fil doux, fin, rare, et luxueux. Il s'agit d'un fil non traité, donc qui a conservé les caractéristiques naturelles de la fibre, à savoir la possibilité de feutrer, le cauchemar pour les tricoteuses. Les non tricoteuses ne connaissent pas forcément les risques et les précautions associés aux fibres animales, alors pour aider la maman de Pablo à ne pas se retrouver avec un pull taille Barbie au premier lavage, voici un petit récapitulatif des précautions à prendre pour entretenir les tricots.


Les poils des mammifères sont constitués de longues molécules de kératine portant des écailles. Ces molécules ont la capacité de s'agglomérer par l'intermédiaire des écailles qui s'accrochent entre elles. A grande échelle, le résultat de l'agglomération des fibres entre elles est le feutrage. Un ouvrage feutré est rétréci, et les poils de la fibre sont effacés, car pris dans la masse.
Le feutrage est provoqué par la conjonction de plusieurs facteurs : l'agitation, l'écart brutal de température, le pH de la solution dans laquelle se trouvent les fibres, qui permettent aux écailles de s'écarter plus ou moins et de s'accrocher plus facilement entre elles.
Où notre beau petit pull en poil de chameau risque t'il de trouver agitation, écart de température, et pH inadapté ? Tout simplement dans la machine à laver, surtout en programmation classique avec une lessive ordinaire. La cata .... Voilà pourquoi les fabricants de machine ont créé des cycles laine, qui évitent les écarts brutaux de températures, et dont l'agitation est maîtrisée. Et voilà pourquoi Woolite l'ami des tricoteuses existe : il permet de maintenir un pH de l'eau adapté pour éviter le feutrage.
Personnellement, j'ai un programme laine dans ma machine, mais je ne me risque jamais à y passer un pull tricoté main en fibre animale. Je préfère procéder, que ce soit pour le lavage ou le blocage des ouvrages (le blocage est l'opération qui permet, après avoir terminé le tricot, de donner une régularité au mailles et la forme voulue à l'ouvrage), de la façon suivante :

Lavage et blocage des ouvrages tricotés mains : Mes règles d'or

- Je verse de l'eau à température ambiante dans une bassine, avec un peu de détergent spécial laine (Woolite mon ami ou tout autre produit spécial laine).

- J'y immerge l'ouvrage, en pressant un peu pour qu'il s'imprègne bien du liquide entre les fibres. Je n'agite pas !!

- Je vide ensuite doucement l'eau de la bassine, en plaquant l'ouvrage avec mes mains contre la paroi, pour ne pas qu'il pende dans le vide et s'étire.

- Je rince à l'eau claire, à température ambiante, toujours doucement.

- Une fois rincé, je presse délicatement l'ouvrage contre les parois de la bassine pour enlever l'excédent d'eau. J'évite toujours soigneusement de soulever le pull par une extrémité tant qu'il est gorgé d'eau, pour ne pas abîmer les fibres.

- Je pose ensuite délicatement l'ouvrage à plat sur une serviette de toilette sèche et propre, pliée afin qu'il repose complètement à plat sur la serviette.

- Je roule la serviette et le pull ensemble, puis je monte debout sur la serviette, et je presse (j'ai pris la précaution d'enlever auparavant mes chaussures et mes chaussettes, et je ne fait pas ça sur la moquette ...). Je piétine doucement le tout, en tournant de temps en temps la serviette pour bien appuyer sur toutes les faces.

- Je récupère toujours doucement le pull, et je le mets à plat sur une autre serviette, propre et sèche, étendue sur une surface plane, à l'abri du soleil direct, et des chats ;-)

- S'en suit une séance de tripotage, tapotage, aplatissage, effleurements, afin que le tricot récupère la forme que je désire lui donner. Avec des mouvements doux, je redresse les manches, je lui redonne sa symétrie, j'aligne les bords ... J'utilise souvent des épingles pour qu'il garde sa forme en séchant (on trouve dans les merceries des aiguilles qui ne rouillent pas, intéressant, surtout si on a tricoté une jolie layette blanche immaculée ... )

- Dernière étape, cruciale et nécessitant de la patience : l'attente. Il faut attendre que l'ouvrage soit sec, ce qui peut prendre de quelques heures à deux jours, en fonction du lieu, de la chaleur, de la qualité de l'étape de roulage dans la serviette.

Une fois l'ouvrage bien sec, il est comme neuf, avec une forme parfaite, et surtout, il n'a pas feutré !! Je recommence ça à chaque lavage.


Bon tricot !
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